Souvent méconnue du grand public, la gendarmerie prévôtale est pourtant une composante essentielle des forces françaises déployées à l’étranger.
À la fois enquêteurs, policiers militaires et médiateurs, les prévôts assurent la discipline et la justice au sein des armées, en France comme en opération extérieure (OPEX).
Découvrez l’histoire, les missions, l’organisation, les moyens matériels, ainsi que le parcours exigeant pour intégrer cette unité unique de la gendarmerie nationale.

1. Qu’est-ce que la Gendarmerie Prévôtale ? Histoire et présentation.
2. Quelles sont les missions de la Gendarmerie Prévôtale ?
3. Comment est organisée la Gendarmerie Prévôtale ? Hiérarchie, effectifs et structures
4. Quels moyens, armes, équipements et véhicules sont employés par la Gendarmerie Prévôtale ?
5. Comment devenir Prévôt de la Gendarmerie ? Concours, formation, sélection
6. Recevoir une documentation gratuite pour préparer le concours de Gendarme
Gendarmerie - Haut - Servais
1. Qu’est-ce que la Gendarmerie Prévôtale ? Histoire et présentation.
1.1 Une institution héritée du Moyen Âge
La gendarmerie prévôtale trouve ses origines au XIIe siècle, lorsque les rois de France mettent en place des prévôtés pour encadrer les armées et faire régner la justice sur les champs de bataille.
Initialement, ces prévôtés étaient des institutions civiles chargées d’administrer la justice locale. Elles ont plus tard été adaptées à un usage militaire au XIVe siècle.
Il s’agit d’unités de la maréchaussée (ancêtre de la gendarmerie d’aujourd’hui) qui ont pour mission de réprimer les violences commises par les soldats et de maintenir l’ordre au sein des troupes.
En 1373, un édit de Charles V confère aux prévôts des maréchaux le pouvoir de juger les crimes commis par les militaires, mais aussi une autorité disciplinaire pour maintenir l’ordre dans les armées. Cet édit venait en réponse aux « maléfices commis par les gens de guerre », une expression utilisée pour désigner les crimes commis par les soldats.
Cette fonction judiciaire, exercée en pleine campagne, marque le début d’une justice militaire structurée, distincte de la justice civile.
1.2 De la maréchaussée à la gendarmerie nationale
En 1791, la maréchaussée est réorganisée et devient la gendarmerie nationale. Cette transformation s’inscrit dans le contexte de la Révolution française, qui cherche à moderniser les institutions de l’Ancien Régime.
L’objectif était de créer une force publique unifiée et moderne, adaptée aux idéaux révolutionnaires d’égalité et de centralisation.
Malgré cette évolution, les missions de justice militaire restent centrales.
Au fil des siècles, la gendarmerie prévôtale enrichit ses attributions : elle mène des enquêtes judiciaires, assure des fonctions de police administrative et intervient dans la gestion des crises.
Durant la Première Guerre mondiale, elle est réorganisée en sections prévôtales, spécifiquement déployées sur les zones de conflit.
Les sections prévôtales étaient, par exemple, chargées de contrôler les permissions, de prévenir les désertions et de maintenir l’ordre. Elles ont également réprimé le pillage, l’espionnage et les menées défaitistes.
1.3 Une structure modernisée depuis 2006
Le Commandement de la Gendarmerie Prévôtale (CGP) est officiellement créé en 2006 pour mieux structurer cette composante spécifique. Ce commandement supervise les unités prévôtales et assure leur coordination.
Depuis 2021, le CGP est rattaché au Commandement de la Gendarmerie Outre-Mer (CGOM), ce qui renforce son ancrage au sein de l’organisation militaire. Cette intégration permet d’assurer une continuité dans les missions, tout en tenant compte des enjeux stratégiques actuels.
1.4 Une mémoire vivante de la gendarmerie
La gendarmerie prévôtale est la plus ancienne composante de la gendarmerie nationale. Elle incarne l’héritage militaire et judiciaire de l’institution. Elle relie les pratiques d’hier aux réalités opérationnelles d’aujourd’hui.
Loin d’être obsolète de nos jours, elle continue à faire respecter l’ordre et à soutenir nos armées à l’intérieur et à l’extérieur de nos frontières.
2. Quelles sont les missions de la gendarmerie prévôtale ?
Composante assez méconnue, la gendarmerie prévôtale se voit confier de nombreuses missions très variées, dans un contexte bien particulier, même dans la gendarmerie.
2.1 Une police judiciaire au service des armées
La gendarmerie prévôtale exerce une mission essentielle de police judiciaire militaire.
Elle enquête sur les crimes et délits commis par des militaires français, mais aussi sur ceux dont ils pourraient être victimes.
Ces enquêtes sont menées sur le territoire national comme en opération extérieure (OPEX), sous l’autorité du tribunal judiciaire de Paris et d’un procureur spécifiquement désigné.
Lorsqu’un militaire est impliqué dans une affaire pénale, les prévôts sont les seuls habilités à instruire l’affaire dans le respect du droit français, même à des milliers de kilomètres du territoire national.
2.2 Une fonction de police générale à l’étranger
En parallèle, les prévôts assurent des missions de police générale. Ils préviennent les troubles susceptibles de nuire à la discipline et à la sécurité des forces françaises.
Ils peuvent :
- effectuer des patrouilles,
- constater des incidents,
- encadrer des escortes sensibles,
- ou encore intervenir pour régler des contentieux civils.
Ils jouent également un rôle de prévention, notamment en sécurisant les installations militaires et en veillant au bon comportement des soldats en dehors des enceintes militaires.
2.3 Une assistance précieuse aux militaires et à leurs familles
La gendarmerie prévôtale intervient également pour :
- Apporter un soutien administratif : elle gère certaines formalités douanières, des démarches d’état civil ou encore les problèmes rencontrés par les familles de militaires sur le territoire étranger.
- Participer aux démarches lors d’un décès d’un militaire, en prenant en charge les affaires mortuaires, en lien avec les autorités locales, l’ambassade ou le commandement.
- Protéger la population en cas de crise ou d’urgence locale, comme lors d’évacuations ou de catastrophes naturelles.
2.4 Un lien avec les autorités locales
Les prévôts facilitent les relations avec les forces de sécurité et autorités judiciaires étrangères, notamment dans les pays où sont déployées les troupes françaises.
Ils agissent comme intermédiaires pour éviter les tensions et assurer une bonne coordination avec les autorités locales.
En cas d’enquête complexe ou de coopération judiciaire internationale, les prévôts apportent leur expertise juridique et assurent la liaison avec les services français compétents.
2.5 Des rôles spécifiques en opération extérieure
En OPEX, les prévôts participent aussi à la collecte de renseignement au profit des cellules J2 (renseignement militaire) :
- Ils détectent les signaux faibles, c’est-à-dire tous les petits indices qui pourraient laisser penser qu’une menace commence à émerger.
- Ils évaluent les risques sécuritaires.
- Ils transmettent toutes les informations utiles pour protéger les troupes et les installations.
Ils peuvent également dispenser des formations techniques ou judiciaires aux forces de sécurité du pays hôte. L’objectif est de permettre aux forces locales de maintenir l’ordre après le départ des troupes françaises.
2.6 Une organisation adaptée aux enjeux contemporains
En cas d’enquête complexe ou sensible, une Section de Recherches Prévôtale (SRP) peut être mobilisée.
Elle renforce les brigades sur le terrain et assure la coordination des investigations à l’échelle nationale ou internationale.
Cette structure garantit une réponse efficace, même face aux situations les plus délicates.
2.7 Des missions spécifiques en temps de paix
Même hors des théâtres d’opérations, les prévôts conservent certaines missions :
- surveiller les déplacements de troupes,
- rechercher les insoumis ou déserteurs,
- assurer les transferts des prisonniers militaires.
Ces fonctions rappellent que la justice militaire reste active, même en dehors des conflits armés.
3. Comment est organisée la gendarmerie prévôtale ? Hiérarchie, effectifs et structures
3.1 Des effectifs réduits, mais stratégiquement positionnés
La gendarmerie prévôtale est une composante spécialisée aux effectifs restreints mais essentiels aux opérations militaires françaises.
En 2025, environ 87 prévôts sont en activité. Parmi eux, certains font partie de détachements permanents, tandis que d’autres sont mobilisés ponctuellement selon les besoins opérationnels.
À titre comparatif, en 2022, on dénombrait 78 prévôts répartis sur 15 pays.
Depuis 2021, le Commandement de la Gendarmerie Prévôtale (CGP) intensifie ses efforts de formation. Chaque année, près de 200 prévôts sont désormais formés, contre 120 auparavant.
Chaque brigade prévôtale compte au minimum trois militaires, placés sous l’autorité d’un chef de détachement, souvent un officier expérimenté.
Vous vous demandez peut-être pourquoi seulement 87 prévôts sont en activité si la gendarmerie en forme 200 par an ?
Cela s’explique par le fait que la Gendarmerie Prévôtale est une composante bien particulière. En effet, les prévôts ne font pas carrière dans cette spécialité, mais sont déployés pour des missions temporaires avant de réintégrer leurs unités d’origine. Ce fonctionnement permet de maintenir une expertise renouvelée et adaptée aux besoins opérationnels
3.2 Une organisation adaptée aux besoins opérationnels
L’organisation de la gendarmerie prévôtale repose sur deux types de détachements : permanents et de circonstance.
Les six détachements permanents actuellement en place sont implantés stratégiquement dans les pays suivants :
- Allemagne,
- Djibouti,
- Émirats Arabes Unis,
- Gabon,
- Côte d’Ivoire,
- Sénégal.
Les détachements de circonstance répondent, quant à eux, à des besoins opérationnels spécifiques ou ponctuels.
En 2025, ces détachements temporaires sont présents au Liban, en Jordanie, en Pologne, en Roumanie, en Irak et en Estonie.
En parallèle, une unité spécialisée existe pour gérer les affaires les plus complexes : la Section de Recherches Prévôtale (SRP). Composée de six enquêteurs expérimentés dirigés par un lieutenant-colonel, cette unité possède une compétence nationale. Elle intervient systématiquement pour renforcer les brigades prévôtales lors d’enquêtes sensibles ou particulièrement difficiles.
3.3 Un commandement centralisé et une chaîne hiérarchique unique
Le Commandement de la Gendarmerie Prévôtale (CGP) est basé à Maisons-Alfort (Val-de-Marne). Depuis août 2021, il est intégré au Commandement de la Gendarmerie Outre-Mer (CGOM).
Le CGP assure le recrutement, la formation, et la projection opérationnelle des prévôts sur les théâtres d’opérations extérieures.
Enfin, les prévôts sont placés sous une triple chaîne de responsabilité :
- Militaire : sous contrôle opérationnel du chef d’état-major des armées,
- Judiciaire : ils dépendent des magistrats spécialisés du tribunal judiciaire de Paris pour les affaires judiciaires militaires,
- Gendarmique : sous l’autorité organisationnelle et logistique du Commandement de la Gendarmerie Prévôtale.
4. Quels moyens, armes, équipements et véhicules sont employés par la gendarmerie prévôtale ?
4.1 Un armement adapté à toutes les situations
Les prévôts sont équipés d’un armement individuel varié selon le type de mission :
- Le pistolet automatique Sig Sauer SP 2022, l’arme de poing réglementaire utilisée pour les missions courantes.
- Des fusils d’assaut tels que le FAMAS ou le HK416 (qui remplace peu à peu le FAMAS dans l’armée française), pour des interventions exigeant plus de puissance.
- Des moyens non létaux comme des bâtons télescopiques et des grenades lacrymogènes pour gérer certaines situations sans user des armes à feu.
Lorsque la situation l’exige, notamment lors d’escortes sensibles ou pour sécuriser des zones à risques, les gendarmes prévôtaux peuvent employer un armement collectif plus lourd, comme des fusils mitrailleurs AANF1 par exemple.
4.2 Des équipements modernes et polyvalents
La sécurité des prévôts est assurée grâce à des équipements spécialement conçus pour les environnements hostiles :
- Gilets pare-balles modulaires et casques balistiques protègent les militaires sur les théâtres d’opérations.
- Des moyens de communication sécurisés assurent une coordination efficace entre les prévôts et leurs commandements.
- Sur le plan technique, les prévôts utilisent du matériel spécifique à leurs missions judiciaires et de renseignement :
– Des kits d’investigation judiciaire permettent la collecte de preuves telles que des empreintes digitales ou de l’ADN, directement sur le terrain.
– Pour des opérations de renseignement discrètes et efficaces, des drones légers comme le DJI Mavic ou le Parrot Anafi, assurent la surveillance des zones sensibles et fournissent des informations en temps réel.
4.3 Des véhicules adaptés aux missions extérieures
Selon le contexte géographique et opérationnel, les prévôts disposent de véhicules adaptés :
- Pour les déplacements rapides en terrain difficile, ils utilisent des véhicules légers 4×4 de type pick-up (Toyota Hilux, Land Cruiser).
Récemment, dix de ces véhicules ont été remis à la prévôté déployée au Burkina Faso.
- Lorsque les missions sont particulièrement risquées, comme les évacuations sanitaires ou l’escorte en zone de conflit, ils utilisent des véhicules blindés, notamment les Véhicules de l’Avant Blindé (VAB), qui peuvent transporter jusqu’à 10 personnes. Ceux-ci assurent la sécurité du personnel médical et des blessés, comme ce fut le cas récemment en Roumanie.
- Enfin, pour le transport logistique (matériel, effectifs, etc.), la gendarmerie prévôtale dispose de camions tactiques robustes comme le Renault TRM 2000, indispensables en OPEX.
4.4 Un équipement constamment renouvelé
L’ensemble de ces moyens est régulièrement modernisé et adapté aux environnements très variés dans lesquels la prévôté intervient : zones désertiques, montagneuses, ou urbaines.
Cette constante évolution garantit aux gendarmes prévôtaux des conditions d’intervention optimales, quelle que soit la mission confiée.
5. Comment devenir prévôt de la gendarmerie ? Concours, formation, sélection
5.1 Intégrer la gendarmerie nationale
Avant de devenir prévôt, il est nécessaire d’être recruté au sein de la gendarmerie nationale. Trois voies principales existent :
- Le concours de sous-officier :
Accessible jusqu’à l’âge de 35 ans, il est ouvert aux titulaires du baccalauréat. Chaque année, environ 15.000 candidats tentent leur chance pour seulement 2.000 à 3.000 postes disponibles. Le concours comprend une épreuve écrite de culture générale, des tests psychotechniques, une épreuve sportive et un entretien avec un jury.
Toutes les informations sur le concours de SOG ici !
- Le recrutement des officiers :
Pour devenir officier, il faut réussir un concours externe de niveau master (BAC+5). Les candidats admis suivent une formation exigeante de deux ans à l’École des Officiers de la Gendarmerie Nationale (EOGN) située à Melun (Seine-et-Marne).
Toutes les informations sur le concours de OG ici !
- La voie des Gendarmes Adjoints Volontaires (GAV) :
Dès 17 ans, il est possible d’intégrer la gendarmerie via un recrutement simplifié. Les GAV suivent une formation initiale rémunérée de 13 semaines. Après un an de service, ils peuvent se présenter au concours interne de sous-officier.
Toutes les informations sur les sélections de GAV ici !
5.2 Devenir Prévôt : conditions et sélections
Pour intégrer la gendarmerie prévôtale, plusieurs conditions strictes sont requises :
- Être déjà officier ou sous-officier de la gendarmerie nationale.
- Détenir la qualification d’Officier de Police Judiciaire (OPJ).
- Être volontaire pour être projeté en opérations extérieures (OPEX) et prêt à évoluer dans des environnements souvent difficiles et dégradés.
Comme nous l’avons vu, environ 200 gendarmes suivent la formation prévôtale chaque année mais seulement 78 à 87 d’entre eux sont finalement sélectionnés pour partir en mission à l’étranger.
La sélection est rigoureuse : 1 candidat sur 9 est retenu environ. Elle est réalisée par le Commandement de la Gendarmerie Prévôtale (CGP), qui évalue soigneusement les compétences techniques, l’expérience et l’aptitude à évoluer dans un contexte militaire spécifique.
5.3 La formation de prévôt de la gendarmerie
Les candidats retenus suivent un stage intensif de 12 jours au camp de Beynes, dans les Yvelines. Cette formation se déroule deux fois par an et est, elle aussi, organisée par le CGP.
Son objectif est clair : garantir que chaque prévôt soit immédiatement opérationnel à son arrivée sur le théâtre d’opération.
Le programme de formation inclut :
- Une préparation physique et mentale adaptée aux contraintes du terrain.
- Des entraînements au combat et à l’utilisation de l’armement individuel et collectif.
- Une formation approfondie en police judiciaire militaire et en traitement des affaires prévôtales.
- Une immersion complète dans l’organisation et les méthodes de travail des forces armées projetées.
- Des modules pratiques comme la gestion des menaces liées aux engins explosifs improvisés (IED) et les gestes de secours au combat.
Cette formation est également complétée par une participation aux stages préparatoires effectués par les forces militaires avant leur déploiement en OPEX.
5.4 Un rôle temporaire mais exigeant
Les missions des prévôts sont temporaires : une fois leur mission terminée, les gendarmes retournent dans leurs unités d’origine.
Cette organisation permet de maintenir une expertise constamment actualisée, adaptée aux besoins précis des théâtres d’opérations.
Pendant leurs missions, les prévôts doivent parfaitement maîtriser les procédures pénales militaires et s’adapter rapidement aux particularités locales, tout en évoluant dans un environnement international et interarmées exigeant une forte capacité d’adaptation.
6. Recevoir une documentation gratuite pour préparer le concours de Gendarme
Comme nous l’avons vu précédemment, pour intégrer la Gendarmerie Prévôtale, il faut avant tout passer le concours de gendarme. Mais votre réussite à l’examen n’est pas du tout garantie et une bonne préparation est la clé de votre succès.
Vous pouvez préparer le concours en achetant des livres. Mais pour augmenter vos chances d’être reçu au concours, la meilleure solution est de vous inscrire à une formation préparatoire en ligne.
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