Plan VIGIPIRATE : Comprendre le dispositif d’alerte qui protège la France

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Pour faire face à la menace terroriste, la France a mis en place le plan VIGIPIRATE. De nouveau à son plus haut niveau d’alerte depuis l’attentat de Moscou, le 22 mars 2024, les mesures de sécurité ont été renforcées.

Le plan VIGIPIRATE consiste en une multitude de mesures opérationnelles qui visent à lutter contre la menace terroriste, à protéger la population et les infrastructures.

Déployé en permanence, il s’adapte en fonction du niveau d’alerte actuel et des menaces qui pèsent sur le pays.

Mais comment fonctionne réellement ce dispositif de sécurité nationale ? Voyons d’un peu plus près les détails du plan VIGIPIRATE.

©Ctruongngoc

1. Qu’est-ce que le Plan VIGIPIRATE ? Histoire et Présentation
2. Comment est élaboré le plan VIGIPIRATE ?
3. Que contient le plan VIGIPIRATE ?

1. Qu’est-ce que le Plan VIGIPIRATE ? Histoire et Présentation

Le plan VIGIPIRATE trouve ses origines en 1978. A l’époque, plusieurs attentats terroristes ont visé la France et l’Europe et le gouvernement décide de la création d’un dispositif d’alerte.

Trois ans plus tard, en 1981, le dispositif d’alerte évolue. Il prend le nom de plan VIGIPIRATE et permet de faciliter la prise de décision du Premier ministre en cas d’attaque terroriste. 

Le plan VIGIPIRATE continue d’évoluer au fil des années :

  • En 1995, le niveau de vigilance simple et le niveau de vigilance renforcé sont créés, chacun composé de différentes mesures à mettre en place.
  • Entre 2000 et 2006, les niveaux d’alerte sont modifiés en code couleur : jaune, orange, rouge et écarlate, avant de repasser à deux niveaux en 2014, le niveau vigilance et le niveau alerte attentat.
  • Depuis 2016, le plan VIGIPIRATE compte 3 niveaux d’alerte : vigilance, sécurité renforcée – risque d’attentat et urgence attentat. Les objectifs du plans sont également élargis et font appel à toute la société.

L’objectif du plan VIGIPIRATE est d’augmenter la résilience nationale, c’est-à-dire la capacité de la France à faire face à des agressions ou à des catastrophes et à rétablir le fonctionnement régulier du pays. Il comporte une partie publique et une partie classifiée.

Le plan VIGIPIRATE fait partie d’un ensemble de plans gouvernementaux élaborés par le Secrétariat Général de la Défense et de la Sécurité Nationale (SGDSN) : les plans de la famille PIRATE.

Il y en a 5 au total :

  • PIRATAIR-INTRUSAIR,
  • PIRATE-MER,
  • PIRANET,
  • PIRATE MOBILITÉS TERRESTRES,
  • NRBC (Nucléaire, Radiologique, Biologique, Chimique).

Contrairement au plan VIGIPIRATE qui est actif en permanence, ces autres plans sont activés lors d’attaques terroristes ciblant leur environnement de spécialité (maritime, numérique, aérien…).

2. Comment est élaboré le plan VIGIPIRATE ?

Pour déterminer la posture VIGIPIRATE à mettre en place, un groupe de travail du Secrétariat Général de la Défense et de la Sécurité Nationale (SGDSN) est chargé d’évaluer la menace terroriste.

Ensuite, les vulnérabilités de chaque domaines sont analysées afin de pouvoir déterminer les mesures à mettre en place.

Le plan est proposé par le SGDSN et doit être validé par le Premier ministre.

En règle générale, le plan VIGIPIRATE est révisé deux fois par an pour les saisons hiver-printemps et été-automne. 

À noter : pour la période hivers-printemps 2025, le niveau du plan est de nouveau fixé à celui d’urgence attentat (le plus haut niveau d’alerte).

©Arnaud Lambert

3. Que contient le plan VIGIPIRATE ?

3.1 Organisation du dispositif

Le plan VIGIPIRATE repose sur 3 piliers :

  • La vigilance : rester alerte pour connaître le niveau de la menace terroriste en permanence, notamment grâce aux services de renseignement.
  • La prévention : sensibiliser la population, former les forces de l’ordre et préparer la réponse en cas d’attaque terroriste.
  • La protection : protéger la population et les intérêts de la nation grâce à 300 mesures opérationnelles qui s’adaptent en permanence en fonction de la menace et qui concernent 13 domaines d’action différents.

Les domaines d’action sont généralement définis par des secteurs d’activités. Ils comportent tous un certain nombre d’objectifs de sécurité et de mesures opérationnelles qui permettent de les atteindre.

Ces mesures peuvent être permanentes ou additionnelles. Sur les 300 mesures, une centaine sont appliquées en permanence, peu importe le niveau de la menace terroriste. On les appelle les mesures socles. Les 200 mesures restantes sont mises en œuvre en fonction du niveau de menace.

À titre d’exemple, l’opération Sentinelle s’inscrit dans le cadre du plan VIGIPIRATE. Elle mobilise des milliers de militaires pour protéger les lieux sensibles. Présents dans les gares, les écoles, et lors des grands rassemblements, ces soldats incarnent une réponse visible et immédiate face à la menace terroriste.

Chaque objectif de sécurité s’appuie sur des mesures opérationnelles, classées en fonction du degré de contrainte que leur mise en œuvre implique.

3.2 Les domaines d’action du plan VIGIPIRATE

Voici les 13 domaines d’action du plan VIGIPIRATE et des exemples de mesures qui y sont associées :

  • La chaîne alimentaire : mise en œuvre d’un plan de sûreté interne pour la protéger la chaîne alimentaire contre les risques d’actions malveillantes, criminelles ou terroristes.
  • Les transports terrestres : rondes et patrouilles dans les gares, les métros, les trains, contrôles d’identité, fouilles de véhicules et de bagages dans l’espace public.
  • Les matières dangereuses : signalisation des transactions suspectes, des vols ou des disparitions de matières.
  • Les rassemblements de masse : contrôle de l’accès et de la circulation des personnes.
  • Les réseaux : restrictions et interdictions de la consommation d’eau, information de la population, dispositif de veille d’alerte (hydrocarbures, gaz, électricité).
  • Le secteur aérien : contrôles supplémentaires des passagers et de leurs bagages pour certaines destinations.
  • Le secteur maritime : contrôle des marchandises renforcé.
  • Alerter et mobiliser : diffusion de l’alerte au grand public.
  • La santé : sécurisation des établissements de santé et médicaux-sociaux, vidéosurveillance.
  • Sécurité du numérique : cybersécurité mise en œuvre par l’Agence Nationale de Sécurité des Systèmes d’Information (ANSSI).
  • Installation et bâtiments : surveillance et de protection de la population aux abords des installations et bâtiments, opération Sentinelle.
  • Ressortissants et intérêts français à l’étranger : incitation à s’inscrire au registre des Français établis à l’étranger.
  • Contrôle des frontières : contrôles d’identité dans un rayon de 10 kilomètres autour des aéroports et des ports constituant des points de passage frontaliers.

Le plan VIGIPIRATE est un pilier essentiel de la sécurité nationale en France. Grâce à ce dispositif adaptable et réactif, le pays peut faire face au mieux à des menaces toujours plus sophistiquées et imprévisibles.